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mistress branican.

« Eh bien, reprit Zach Fren, écoutez-moi, et, selon que vous ouvrirez ou fermerez les yeux, je saurai si ce que j’exprime est exact ou ne l’est pas. »

Il n’était pas douteux que Harry Felton eût compris ce que venait de dire Zach Fren.

« En quittant la mer de Java, reprit celui-ci, le capitaine John a donc passé dans la mer de Timor ?

— Oui.

— Par le détroit de la Sonde ?…

— Oui.

— Volontairement ?… »

Cette question fut suivie d’un signe négatif, auquel il n’y avait pas à se tromper.

« Non ! » dit Zach Fren.

Et c’est bien ce que le capitaine Ellis et lui avaient toujours pensé. Pour que le Franklin eût passé de la mer de Java dans la mer de Timor, il fallait qu’il y eût été contraint.

« C’était pendant une tempête ?… demanda Zach Fren.

— Oui.

— Une violente tornade, qui vous a surpris dans la mer de Java, probablement ?…

— Oui.

— Et qui vous a rejetés à travers le détroit de la Sonde ?…

— Oui.

— Peut-être le Franklin était-il désemparé, sa mâture en bas, son gouvernail démonté ?…

— Oui. »

Mrs. Branican, les yeux fixés sur Harry Felton, le regardait sans prononcer une parole. Zach Fren, voulant reconstituer les diverses phases de la catastrophe, continua en ces termes :

« Le capitaine John, n’ayant pu faire son point depuis quelques jours, ignorait sa position ?…