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mistress branican.

Mais voici que Godfrey s’écrie :

« Là-bas… là-bas… regardez ! »

À une cinquantaine de pas du talus, deux corps gisaient sur le sol — deux indigènes, sans doute, entraînés, renversés et probablement écrasés par cette irruption de moutons…

Tom Marix et Godfrey coururent vers ces corps…

Quelle fut leur surprise ! Jos Meritt et son serviteur Gîn-Ghi étaient là, immobiles, inanimés…

Ils respiraient pourtant, et des soins empressés les eurent bientôt remis de ce rude assaut. À peine eurent-ils ouvert les yeux que, si contusionnés qu’ils fussent, l’un et l’autre se redressèrent.

« Bien !… Oh !… Très bien ! » fit Jos Meritt.

Puis se retournant :

« Et Gîn-Ghi ?… demanda-t-il.

— Gîn-Ghi est là… ou du moins ce qu’il en reste ! répondit le Chinois en se frottant les reins. Décidément, trop de moutons, mon maître Jos, mille et dix mille fois trop !

— Jamais trop de gigots, jamais trop de côtelettes, Gîn-Ghi, donc jamais trop de moutons ! répondit le gentleman. Ce qui est fâcheux, c’est de n’avoir pu en attraper un seul au passage…

— Consolez-vous, monsieur Meritt, répondit Zach Fren. Au bas du talus, il y en a des centaines à votre service.

— Très bien !… Oh !… Très bien ! » conclut gravement le flegmatique personnage.

Puis, s’adressant à son serviteur, lequel, après s’être frotté les reins, se frottait les épaules :

« Gîn-Ghi ?…

— Mon maître Jos ?…

— Deux côtelettes pour ce soir, dit-il, deux côtelettes… saignantes ! »

Jos Meritt et Gîn-Ghi racontèrent alors ce qui s’était passé. Ils cheminaient à trois milles en avant de la caravane, lorsqu’ils avaient été surpris par cette charge de bêtes ovines. Leurs