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mistress branican.

de continuer le voyage dans la direction du nord-ouest, donnant pour raison qu’ils meurent de soif. La raison n’est, hélas ! que trop sérieuse. Depuis douze heures, il n’y a plus une seule goutte d’eau dans nos tonnelets. Nous en sommes réduits aux boissons alcooliques, dont l’effet est déplorable, car elles portent à la tête.

J’ai dû intervenir en personne au milieu de ces indigènes butés dans leur idée. Il s’agissait de les amener à comprendre que s’arrêter en de telles circonstances, n’était pas le moyen de mettre un terme aux souffrances qu’ils subissaient.

« Aussi, me répond l’un d’eux, ce que nous voulons, c’est revenir en arrière.

— En arrière ?… Et jusqu’où ?…

— Jusqu’à Mary-Spring.

À Mary-Spring, il n’y a plus d’eau, ai-je répondu, et vous le savez bien.

— S’il n’y a plus d’eau à Mary-Spring, réplique l’indigène, on en trouvera un peu au-dessus du côté du mont Wilson, dans la direction du Sturt-creek.

Je regarde Tom Marix. Il va chercher la carte spéciale où figure le Great-Sandy-Desert. Nous la consultons. En effet, dans le nord de Mary-Spring, il existe un cours d’eau assez important, qui n’est peut-être pas entièrement desséché. Mais comment l’indigène a-t-il pu connaître l’existence de ce cours d’eau ? Je l’interroge à ce sujet. Il hésite d’abord et finit par me répondre que c’est M. Burker qui leur en a parlé. C’est même de lui qu’est venue la proposition de remonter vers le Sturt-creek.

Je suis on ne peut plus contrariée de ce que Len Burker ait eu l’imprudence — n’est-ce que de l’imprudence ? — de provoquer une partie de l’escorte à retourner dans l’est. Il en résulterait non seulement des retards, mais une sérieuse modification à notre itinéraire, laquelle nous écarterait de la rivière Fitz-Roy.

Je m’en explique nettement avec lui.