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encore quelques extraits.

breuse les viderait en un instant. L’eau n’y est point abondante, et encore faut-il aller la puiser sous les couches de sable. C’est que ces puits ne sont pas l’œuvre de la main de l’homme ; ce ne sont que des cavités naturelles, qui se forment à l’époque des pluies d’hiver. À peine dépassent-elles cinq à six pieds en profondeur, — ce qui suffit pour que l’eau, abritée des rayons solaires, échappe à l’évaporation et se conserve même pendant les longues chaleurs de l’été.

Quelquefois, ces réservoirs ne se signalent pas à la surface de la plaine par un groupe d’arbres, et il n’est que trop facile de passer à proximité sans les reconnaître. Il importe donc d’observer la contrée avec grand soin : c’est une recommandation qui est faite et très justement faite par le colonel Warburton. Aussi avons-nous soin d’en tenir compte.

Cette fois, Godfrey avait eu la main heureuse. Le puits, près duquel notre campement a été établi dès onze heures du matin, contenait plus d’eau qu’il n’en fallait pour abreuver nos chameaux et refaire complètement notre réserve. Cette eau restée limpide car elle était filtrée par les sables, avait gardé sa fraîcheur, la cavité, située au pied d’une haute dune, ne recevant pas directement les rayons du soleil.

C’est avec délices que chacun de nous s’est rafraîchi en puisant à cette sorte de citerne. Il fallut même engager nos compagnons à n’en boire que modérément ; ils auraient fini par se rendre malades.

On ne saurait s’imaginer les effets bienfaisants de l’eau, à moins d’avoir été longtemps torturé par la soif. Le résultat est immédiat ; les plus abattus se relèvent, les forces reviennent instantanément, le courage avec les forces. C’est plus qu’être ranimé ; c’est renaître !

Le lendemain, dès quatre heures du matin, nous avons repris notre route en nous dirigeant vers le nord-ouest, afin d’atteindre par le plus court Joanna-Spring, à cent quatre-vingt-dix milles environ de Mary-Spring.

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