Page:Verne - Mistress Branican, Hetzel, 1891.djvu/432

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
397
chez les indas.

Mrs. Branican allait de l’un à l’autre… Elle essayait de les ranimer… Elle les suppliait de faire un dernier effort… Le but n’était plus éloigné… Quelques marches, les dernières… était le salut… Mais qu’aurait-elle pu obtenir là-bas de ces infortunés !

Le 8 avril au soir, personne n’eut la force d’établir le campement. Les malheureux rampaient au pied des spinifex pour en mâcher les feuilles poussiéreuses. Ils ne pouvaient plus parler… ils ne pouvaient plus aller au delà… Tous tombèrent à cette dernière halte.

Mrs. Branican résistait encore. Agenouillé près d’elle, Godfrey l’enveloppait d’un suprême regard… Il l’appelait « mère !… mère !… » comme un enfant qui supplie celle dont il est né de ne pas le laisser mourir…

Et Dolly, debout au milieu de ses compagnons, parcourait l’horizon du regard, en criant :

« John !… John !… »

Comme si c’était du capitaine John qu’un dernier secours eût pu lui venir !




XIII

chez les indas.


La tribu des Indas, composée de plusieurs centaines d’indigènes, hommes, femmes, enfants, occupait à cette époque les bords de la Fitz-Roy, à cent quarante milles environ de son embouchure. Ces indigènes revenaient des régions de la Terre de Tasman, arrosées par le haut cours de la rivière. Depuis quelques jours, les hasards