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nord contre sud.

VIII

la dernière esclave


Le soir même, James Burbank mit les siens au courant de ce qui s’était passé à Court-Justice. L’odieuse conduite de Texar leur fut dévoilée. C’était sous la pression de cet homme et de la populace de Jacksonville que l’ordre de comparution avait été adressé à Camdless-Bay. L’attitude des magistrats, en cette affaire, ne méritait que des éloges. À cette accusation d’intelligences avec les fédéraux, ils avaient répondu en exigeant la preuve qu’elle fût fondée. Texar, n’ayant pu fournir cette preuve, James Burbank avait été laissé libre.

Toutefois, au milieu de ces vagues incriminations, le nom de Gilbert avait été prononcé. On ne semblait pas mettre en doute que le jeune homme ne fût à l’armée du Nord. Le refus de répondre à cet égard, n’était-ce pas un demi-aveu de la part de James Burbank ?

Ce que furent alors les craintes, les angoisses de Mme Burbank, de miss Alice, de toute cette famille si menacée, cela n’est que trop aisé à comprendre. À défaut du fils qui leur échappait, les forcenés de Jacksonville ne s’en reprendraient-ils pas à son père ? Texar s’était vanté, sans doute, lorsqu’il avait promis de produire, sous quelques jours, une preuve de ce fait. En somme, il n’était pas impossible qu’il ne parvînt à se la procurer, et la situation serait inquiétante au plus haut point.

« Mon pauvre Gilbert ! s’écria Mme Burbank. Le savoir si près de Texar, décidé à tout faire pour arriver à son but !

— Ne pourrait-on le prévenir de ce qui vient de se passer à Jacksonville ? dit miss Alice.