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nord contre sud.

fallait résister pendant quelques heures — au moins jusqu’à la nuit. Grâce à l’obscurité, l’embarcation pourrait alors remonter secrètement le fleuve, sans courir le risque d’être poursuivie par les canots suspects que l’on voyait errer à la surface.


XI

la soirée du 2 mars


James Burbank, ses compagnons, le plus grand nombre des noirs étaient prêts pour le combat. Ils n’avaient plus qu’à attendre l’attaque. Les dispositions étaient prises, pour résister d’abord derrière les palanques de l’enceinte, qui défendaient le parc particulier, ensuite à l’abri des murailles de Castle-House, dans le cas où, le parc étant envahi, il faudrait y chercher refuge.

Vers cinq heures, des clameurs, assez distinctes déjà, indiquaient que les assaillants n’étaient plus éloignés. À défaut de leurs cris, il n’eût été que trop facile de reconnaître qu’ils occupaient maintenant toute la partie nord du domaine. En maint endroit, d’épaisses fumées tourbillonnaient au-dessus des forêts qui fermaient l’horizon de ce côté. Les scieries avaient été livrées aux flammes, les baracons des noirs, dévorés par l’incendie, après avoir été pillés. Ces pauvres gens n’avaient pas eu le temps de mettre en sûreté les quelques objets abandonnés dans leurs cases, dont l’acte d’affranchissement leur assurait la propriété depuis la veille. Aussi, quels cris de désespoir répondirent aux hurlements de la bande, et quels cris de colère ! C’était leur bien que ces malfaiteurs venaient de détruire, après avoir envahi Camdless-Bay.

Cependant les clameurs se rapprochaient peu à peu de Castle-House. De