— Les disperser… s’écria James Burbank, les disperser en s’aidant de l’incendie et du pillage !…
— Aussi, monsieur Harvey pense-t-il, puisqu’il en est temps encore, que vous feriez bien de mettre votre famille en sûreté en lui faisant quitter immédiatement Castle-House ?
— Castle-House est en état de résister, répondit James Burbank, et nous ne le quitterons que si la situation devient intenable. — Il n’y a rien de nouveau à Jacksonville ?
— Rien, monsieur Burbank.
— Et les troupes fédérales n’ont encore fait aucun mouvement vers la Floride ?
— Aucun depuis qu’elles ont occupé Fernandina et la baie de Saint-Mary.
— Ainsi, le but de votre mission ?…
— C’était d’abord de vous apprendre que la dispersion des esclaves n’est qu’un prétexte, imaginé par Texar, pour dévaster la plantation et s’emparer de votre personne !
— Vous ne savez pas, répondit James Burbank en insistant, si Texar est à la tête de ces malfaiteurs ?
— Non, monsieur Burbank. M. Harvey a vainement cherché à le savoir. Moi-même, depuis que nous avons quitté Jacksonville, je n’ai pu me renseigner à cet égard.
— Est-ce que les hommes de la milice, qui se sont joints à cette bande d’assaillants, sont nombreux ?
— Une centaine au plus, répondit John Bruce. Mais cette populace qu’ils entraînent à leur suite est composée des pires malfaiteurs. Texar les fait armer, et il est à craindre qu’ils ne se livrent à tous les excès. Je vous le répète, monsieur Burbank, l’opinion de M. Harvey est que vous feriez bien d’abandonner immédiatement Castle-House. Aussi, m’a-t-il chargé de vous dire qu’il mettait son cottage de Hampton-Red à votre disposition. Ce cottage est situé à une dizaine de milles en amont, sur la rive droite du fleuve. Là, on peut être en sûreté pendant quelques jours…