de son domaine. Il fallait attendre que la question fût décidée entre le Sud et le Nord dans l’État de Floride. D’autres soucis, bien autrement graves, l’absorbaient jour et nuit. Tout ce qu’il était en son pouvoir de faire pour retrouver les traces de sa petite fille, il le faisait. En outre, la santé de Mme Burbank était très compromise. Bien que miss Alice ne la quittât pas d’un instant et la soignât avec une sollicitude filiale, il importait qu’un médecin fût appelé près d’elle.
Il y en avait un, à Jacksonville, qui possédait toute la confiance de la famille Burbank. Ce médecin n’hésita pas à venir à Camdless-Bay, dès qu’il y fut mandé. Il prescrivit quelques remèdes. Mais pourraient-ils être efficaces tant que la petite Dy ne serait pas rendue à sa mère ? Aussi, laissant Edward Carrol, qui devait être retenu quelque temps à la chambre, James Burbank et Walter Stannard allaient-ils chaque jour explorer les deux rives du fleuve. Ils fouillaient les îlots du Saint-John ; ils interrogeaient les gens du pays ; ils s’informaient jusque dans les moindres hameaux du comté ; ils promettaient de l’argent, et beaucoup, à qui leur apporterait un indice quelconque… Leurs efforts demeuraient infructueux. Comment aurait-on pu leur apprendre que c’était au fond de la Crique-Noire que se cachait l’Espagnol ? Personne ne le savait. Et d’ailleurs, pour mieux soustraire ses victimes à toutes les recherches, Texar n’avait-il pas dû les entraîner vers le haut cours du fleuve ? Le territoire n’était-il pas assez grand, n’y avait-il pas assez de retraites dans les vastes forêts du centre, au milieu des immenses marais du sud de la Floride, dans la région de ces inaccessibles Everglades, pour que Texar pût si bien y cacher ses deux victimes qu’on ne parviendrait pas à arriver jusqu’à elles ?
En même temps, par ce médecin, qui venait à Camdless-Bay, James Burbank fut chaque jour tenu au courant de ce qui se passait à Jacksonville et dans le nord du comté de Duval.
Les fédéraux n’avaient encore fait aucune démonstration nouvelle sur le territoire floridien, cela n’était pas douteux. Des instructions spéciales, venues de Washington, leur commandaient-elles donc de s’arrêter sur la frontière sans chercher à la franchir ? Une pareille attitude eût été désastreuse