guerre. Après le départ de Zermah, James Burbank était resté seul avec les deux amis qui l’avaient accompagné à Saint-Augustine. L’un était son beau-frère, M. Edward Carrol, l’autre, un Floridien qui demeurait à Jacksonville, M. Walter Stannard. Eux aussi parlaient avec une certaine animation de la lutte sanglante, dont l’issue était une question de vie ou de mort pour les États-Unis. Mais, on le verra, James Burbank, pour en juger les résultats, l’appréciait autrement que Texar.
« J’ai hâte, dit-il, d’être de retour à Camdless-Bay. Nous sommes partis depuis deux jours. Peut-être est-il arrivé quelques nouvelles de la guerre ? Peut-être Dupont et Sherman sont-ils déjà maîtres de Port-Royal et des îles de la Caroline du Sud ?
— En tout cas, cela ne peut tarder, répondit Edward Carrol, et je serais bien étonné si le président Lincoln ne songeait pas à pousser la guerre jusqu’en Floride.
— Il ne sera pas trop tôt ! reprit James Burbank. Oui ! Il n’est que temps d’imposer les volontés de l’Union à tous ces sudistes de la Géorgie et de la Floride, qui se croient trop éloignés pour être jamais atteints ! Vous voyez à quel degré d’insolence cela peut conduire des gens sans aveu comme ce Texar ! Il se sent soutenu par les esclavagistes du pays, il les excite contre nous, hommes du Nord, dont la situation, de plus en plus difficile, subit les contre-coups de la guerre !
— Tu as raison, James, reprit Edward Carrol. Il importe que la Floride rentre au plus tôt sous l’autorité du gouvernement de Washington. Oui ! il me tarde que l’armée fédérale y vienne faire la loi, ou nous serons forcés d’abandonner nos plantations.
— Ce ne peut plus être qu’une question de jours, mon cher Burbank, répondit Walter Stannard. Avant-hier, lorsque j’ai quitté Jacksonville, les esprits commençaient à s’inquiéter des projets que l’on prête au commodore Dupont de franchir les passes du Saint-John. Et cela a fourni un prétexte pour menacer ceux qui ne pensent point comme les partisans de l’esclavage. Je crains bien que quelque émeute ne tarde pas à renverser les autorités de la ville au profit d’individus de la pire espèce !