— Et moi, répondit Texar, j’ai à dire à Gilbert Burbank que son père avait bravé l’opinion publique en affranchissant ses esclaves, qu’un arrêté ordonnait la dispersion des nouveaux affranchis, que cet arrêté devait être mis à exécution…
— Avec incendie et pillage, répliqua Gilbert, avec un rapt dont Texar est personnellement l’auteur !
— Quand je serai devant des juges, je répondrai, répliqua froidement l’Espagnol. Gilbert Burbank, n’essayez pas d’intervertir les rôles. Vous êtes un accusé, non un accusateur !
— Oui… un accusé… en ce moment, du moins, répondit le jeune officier.
Mais les canonnières fédérales n’ont plus que la barre du Saint-John à franchir pour s’emparer de Jacksonville, et alors… »
Des cris éclatèrent aussitôt, des menaces contre le jeune officier, qui osait braver les sudistes en face.
« À mort !… À mort ! » cria-t-on de toutes parts.
L’Espagnol ne parvint pas sans peine à calmer cette colère de la foule. Puis reprenant l’interrogatoire :
« Nous direz-vous, Gilbert Burbank, pourquoi, la nuit dernière, vous avez quitté votre bord ?
— Je l’ai quitté pour venir voir ma mère mourante.
— Vous avouez alors que vous avez débarqué à Camdless-Bay ?
— Je n’ai pas à m’en cacher.
— Et c’était uniquement pour voir votre mère ?
— Uniquement.
— Nous avons pourtant raison de penser, reprit Texar, que vous aviez un autre but.
— Lequel ?
— Celui de correspondre avec votre père, James Burbank, ce nordiste soupçonné, depuis trop longtemps déjà, d’entretenir des intelligences avec l’armée fédérale.
— Vous savez que cela n’est pas, répondit Gilbert, emporté par une indi-