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nord contre sud.

une série de lignes entrecroisées, représentant une des figures symboliques des croyances séminoles.

Cette marque ne devait plus s’effacer du bras sur lequel Squambô venait de l’imprimer.

Zermah avait tout vu, et, comme il a été dit, sans y rien comprendre. Quel intérêt pouvait avoir Texar à s’orner de ce tatouage ? Pourquoi ce « signe particulier », pour emprunter un mot au libellé des passeports ? Voulait-il donc passer pour un Indien ? Ni son teint ni le caractère de sa personne ne l’eussent permis. Ne fallait-il pas plutôt voir une corrélation entre cette marque et celle qui avait été dernièrement imposée à ces quelques voyageurs floridiens tombés dans un parti de Séminoles vers le nord du comté ? Et, par là, Texar voulait-il encore avoir la possibilité d’établir un de ces inexplicables alibis dont il avait tiré si bon parti jusqu’alors ?

Peut-être, en effet, était-ce un de ces secrets inhérents à sa vie privée et que révélerait l’avenir ?

Autre question qui se présenta à l’esprit de Zermah.

L’Espagnol n’était-il donc venu au blockhaus que pour mettre à profit l’habileté de Squambô en matière de tatouage ? Cette opération achevée, allait-il quitter la Crique-Noire pour retourner dans le nord de la Floride et sans doute à Jacksonville, où ses partisans étaient encore les maîtres ? Son intention n’était-elle pas plutôt de rester au blockhaus jusqu’au jour, de faire comparaître la métisse devant lui, de prendre quelque nouvelle décision relative à ses prisonnières ?

À cet égard Zermah fut promptement rassurée. Elle avait rapidement regagné sa chambre, au moment où l’Espagnol se levait pour rentrer dans le réduit.

Là, blottie contre la porte, elle écoutait les quelques paroles qui s’échangeaient entre l’Indien et son maître.

« Veille avec plus de soin que jamais, disait Texar.

— Oui, répondit Squambô. Cependant, si nous étions serrés de près à la Crique-Noire par James Burbank…