que les milices se préparaient à abandonner la ville, sans plus essayer de défendre le fort Marion que n’avait été défendu le fort Clinch, lors de la reddition de Fernandina.
Telles furent du moins les nouvelles que le régisseur apporta à Castle-House dans la matinée. On les communiqua aussitôt à M. Stannard et à Edward Carrol que sa blessure, non cicatrisée, obligeait à rester étendu sur un des divans du hall.
« Les fédéraux à Saint-Augustine ! s’écria ce dernier. Et pourquoi ne vont-ils pas à Jacksonville ?
— Peut-être ne veulent-ils que barrer le fleuve en aval, sans en prendre possession, répondit M. Perry.
— James et Gilbert sont perdus, si Jacksonville reste aux mains de Texar ! dit M. Stannard.
— Ne puis-je, répondit Perry, aller prévenir le commodore Dupont du danger que courent monsieur Burbank et son fils ?
— Il faudrait une journée pour atteindre Saint-Augustine, répondit M. Carrol, en admettant que l’on ne soit pas arrêté par les milices qui battent en retraite ! Et, avant que le commodore Dupont ait pu faire parvenir à Stevens l’ordre d’occuper Jacksonville, il se sera écoulé trop de temps ! D’ailleurs, cette barre… cette barre du fleuve, si les canonnières ne peuvent s’avancer au delà, comment sauver notre pauvre Gilbert qui doit être exécuté demain ? Non !… Ce n’est pas à Saint-Augustine qu’il faut aller, c’est à Jacksonville même !… Ce n’est pas au commodore Dupont qu’il faut s’adresser… c’est à Texar…
— Monsieur Carrol a raison, mon père… et j’irai ! » dit miss Alice, qui venait d’entendre les dernières paroles prononcées par M. Carrol.
La courageuse jeune fille était prête à tout tenter comme à tout braver pour le salut de Gilbert.
La veille, en quittant Camdless-Bay, James Burbank avait surtout recommandé que sa femme ne fût point instruite de son départ pour Jacksonville. Il importait de lui cacher que le Comité eût donné l’ordre de le mettre en état d’arrestation. Mme Burbank l’ignorait donc, comme elle ignorait le sort