Page:Verne - Nord contre sud, Hetzel, 1887.djvu/274

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
268
nord contre sud.

« Nous les retrouverons ! s’écria James Burbank. Mars et Gilbert nous accompagneront dans nos recherches…

— Oui, mon père, oui… et sans perdre un jour, répondit le jeune lieutenant.

— Puisque nous tenons Texar, reprit M. Burbank, il faudra bien que Texar parle !

— Et s’il refuse de parler ? demanda M. Stannard. Si cet homme prétend qu’il n’est pour rien dans l’enlèvement de Dy et de Zermah ?…

— Et comment le pourrait-il ? s’écria Gilbert. Zermah ne l’a-t-elle pas reconnu à la crique Marino ? Alice et ma mère n’ont-elles point entendu ce nom de Texar que Zermah jetait au moment où l’embarcation s’éloignait ? Peut-on douter qu’il soit l’auteur de l’enlèvement, qu’il y ait présidé en personne ?

— C’était lui ! répondit Mme Burbank, qui se redressa comme si elle eût voulu se jeter hors de son lit.

— Oui !… ajouta miss Alice, je l’ai bien reconnu !… Il était debout… à l’arrière de son canot qui se dirigeait vers le milieu du fleuve !

— Soit, dit M. Stannard, c’était Texar ! Pas de doute possible ! Mais, s’il refuse de dire en quel endroit Dy et Zermah ont été entraînées par son ordre, où les chercherons-nous, puisque nous avons déjà vainement fouillé les rives du fleuve sur une étendue de plusieurs milles ? »

À cette question, si nettement posée, aucune réponse ne pouvait être faite. Tout dépendrait de ce que dirait l’Espagnol. Son intérêt serait-il de parler ou de se taire ?

« On ne sait donc pas où demeure habituellement ce misérable ? demanda Gilbert.

— On ne le sait pas, on ne l’a jamais su, répondit James Burbank. Dans le sud du comté, il y a de si vastes forêts, tant de marécages inaccessibles, où il a pu se cacher ! En vain voudrait-on explorer tout ce pays, dans lequel les fédéraux eux-mêmes ne pourront poursuivre les milices en retraite ! Ce serait peine perdue !

— Il me faut ma fille ! s’écria Mme Burbank, que James Burbank ne contenait pas sans peine.