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prise de possession.

habituelle aux séparatistes, même dans le cas où le gouvernement fédéral retirerait ses troupes.

Voici quels étaient, à cette époque, les faits de guerre dont l’Amérique était encore le théâtre.

Les confédérés, afin d’appuyer l’armée de Beauregard, avaient envoyé six canonnières sous les ordres du commodore Hollins, qui venait de prendre position sur le Mississipi, entre New-Madrid et l’île 10. Là commençait une lutte que l’amiral Foote soutenait vigoureusement, dans le but de s’assurer le haut cours du fleuve. Le jour même où Jacksonville tombait au pouvoir de Stevens, l’artillerie fédérale se mettait en état de riposter au feu des canonnières de Hollins. L’avantage devait finir par rester aux nordistes avec la prise de l’île 10 et de New-Madrid. Ils occuperaient alors le cours du Mississipi sur une longueur de deux cents kilomètres, en tenant compte des sinuosités du fleuve.

Cependant, à cette époque, une grande hésitation se manifestait dans les plans du gouvernement fédéral. Le général Mac Clellan avait dû soumettre ses idées à un conseil de guerre, et, bien qu’elles eussent été approuvées par la majorité de ce conseil, le président Lincoln, cédant à des influences regrettables, en entrava l’exécution. L’armée du Potomac fut divisée, afin d’assurer la sécurité de Washington. Par bonheur, la victoire du Monitor et la fuite du Virginia venaient de rendre libre la navigation sur la Chesapeake. En outre, la retraite précipitée des confédérés, après l’évacuation de Manassas, permit à l’armée de transporter ses cantonnements dans cette ville. De cette façon était résolue la question du blocus sur le Potomac.

Toutefois, la politique, dont l’action est si funeste quand elle se glisse dans les affaires militaires d’un pays, allait encore amener une décision fâcheuse pour les intérêts du Nord. À cette date, le général Mac Clellan était privé de la direction supérieure des armées fédérales. Son commandement se vit uniquement réduit aux opérations du Potomac, et les autres corps, devenus indépendants, repassèrent sous la seule direction du président Lincoln.

Ce fut une faute. Mac Clellan ressentit vivement l’affront d’une destitution qu’il n’avait point méritée. Mais, en soldat qui ne connaît que son devoir, il