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nord contre sud.

— Quoique ce ne soit pas à moi de faire la preuve, mais à ceux qui m’accusent, rien ne sera plus facile.

— Encore un alibi ?… dit le colonel Gardner.

— Encore ! » répondit froidement Texar.

À cette réponse, il se produisit dans le public un mouvement d’ironie, un murmure de doute, qui n’était rien moins que favorable à l’accusé.

« Texar, demanda le colonel Gardner, puisque vous arguez d’un nouvel alibi, pouvez-vous l’établir ?

— Facilement, répondit l’Espagnol, et, pour cela, il me suffira de vous adresser une question, colonel ?

— Parlez.

— Colonel Gardner, ne commandiez-vous pas les troupes de débarquement lors de la prise de Fernandina et du fort Clinch par les fédéraux ?

— En effet.

— Vous n’avez point oublié, sans doute, qu’un train, fuyant vers Cedar-Keys, a été attaqué par la canonnière Ottawa sur le pont qui relie l’île Amélia au continent ?

— Parfaitement.

— Or, le wagon de queue de ce train étant resté en détresse sur le pont, un détachement des troupes fédérales s’empara de tous les fugitifs qu’il renfermait, et ces prisonniers, dont on prit les noms et le signalement, ne recouvrèrent leur liberté que quarante-huit heures plus tard.

— Je le sais, répondit le colonel Gardner.

— Eh bien, j’étais parmi ces prisonniers.

— Vous ?

— Moi ! »

Un nouveau murmure, plus désapprobateur encore, accueillit cette déclaration si inattendue.

« Donc, reprit Texar, puisque ces prisonniers ont été gardés à vue du 2 au 4 mars, et que l’envahissement de la plantation comme l’enlèvement qui m’est reproché, ont eu lieu dans la nuit du 3 mars, il est matériellement impossible que j’en sois l’auteur. Donc, Alice Stannard ne peut avoir entendu Zer-