Page:Verne - Nord contre sud, Hetzel, 1887.djvu/355

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
349
rencontre.

En un instant, le groupe des noirs se fut resserré autour de James Burbank, de Gilbert, d’Edward Carrol, du régisseur Perry. L’homme, à demi suffoqué, n’aurait pu prononcer un seul mot, même sans bâillon. L’obscurité ne permettait ni de voir sa figure ni de reconnaître, à son vêtement, s’il faisait ou non partie de la milice floridienne.

Mars lui enleva le mouchoir qui comprimait sa bouche, et il fallut attendre qu’il eût repris ses sens pour l’interroger.

« À moi ! s’écria-t-il enfin.

— Pas un cri ! lui dit James Burbank en le contenant. Tu n’as rien à craindre de nous !

— Que me veut-on ?…

— Que tu répondes franchement !

— Cela dépendra des questions que vous me ferez, répliqua cet homme qui venait de retrouver une certaine assurance. — Avant tout, êtes-vous pour le Sud ou pour le Nord ?

— Pour le Nord.

— Je suis prêt à répondre ! »

Ce fut Gilbert qui continua l’interrogatoire.

« Combien d’hommes, demanda-t-il, compte le détachement qui est campé là-bas ?

— Près de deux cents.

— Et il se dirige ?…

— Vers les Everglades.

— Quel est son chef ?

— Le capitaine Howick !

— Quoi ! Le capitaine Howick, un des officiers du Wabash ! s’écria Gilbert.

— Lui-même !

— Ce détachement est donc composé de marins de l’escadre du commodore Dupont ?

— Oui, fédéraux, nordistes, anti-esclavagistes, unionistes ! » répondit l’homme, qui semblait tout fier d’énoncer ces diverses qualifications données au parti de la bonne cause.