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ce qu’entend zermah.

à conjurer ce danger en la tuant ? Et que deviendrait l’enfant, quand Zermah serait morte !

Il pouvait être onze heures du soir. Le temps n’avait pas cessé d’être affreux. Vent et pluie soufflaient et tombaient sans relâche. Très certainement, Texar et son compagnon n’iraient pas s’exposer au-dehors. Ils passeraient la nuit dans le wigwam. Ils ne mettraient pas leurs projets à exécution avant le lendemain.

Et Zermah n’en douta plus, quand elle entendit le complice de Texar — ce devait être lui — demander :

« Eh bien, quel parti prendrons-nous ?

— Celui-ci, répondit l’Espagnol. Demain, pendant la matinée, nous irons avec nos gens reconnaître les environs du lac. Nous explorerons la cyprière sur trois ou quatre milles, après avoir détaché en avant ceux de nos compagnons qui la connaissent le mieux, et plus particulièrement Squambô. Si rien n’indique l’approche du détachement fédéral, nous reviendrons et nous attendrons jusqu’au moment où il faudra battre en retraite. Si, au contraire, la situation est prochainement menacée, je réunirai nos partisans et mes esclaves, et j’entraînerai Zermah jusqu’au canal de Bahama. Toi, de ton côté, tu t’occuperas de rassembler les milices éparses dans la Basse-Floride.

— C’est entendu, répondit l’autre. Demain, pendant que vous ferez cette reconnaissance, je me cacherai dans les bois de l’île. Il ne faut pas que l’on puisse nous voir ensemble !

— Non, certes ! s’écria Texar. Le diable me garde de risquer une pareille imprudence qui dévoilerait notre secret ! Donc, ne nous revoyons pas avant la nuit prochaine au wigwam. Et même, si je suis obligé de partir dans la journée, tu ne quitteras l’île qu’après moi. Rendez-vous, alors, aux environs du cap Sable ! »

Zermah sentit bien qu’elle ne pourrait plus être délivrée par les fédéraux.

Le lendemain, en effet, s’il avait connaissance de l’approche du détachement, l’Espagnol ne quitterait-il pas l’île avec elle ?…