territoire de la République s’accrut de soixante-sept mille milles carrés. Mais l’astre floridien ne brille que d’un éclat secondaire au firmament des trente-sept étoiles qui constellent le pavillon des États-Unis d’Amérique.
Ce n’est qu’une étroite et basse langue de terre, cette Floride. Son peu de largeur ne permet pas aux rivières qui l’arrosent – le Saint-John excepté – d’y acquérir quelque importance. Avec un relief si peu accusé, les cours d’eau n’ont pas la pente nécessaire pour y devenir rapides. Point de montagnes à sa surface. À peine quelques lignes de ces « bluffs » ou collines, si nombreux dans la région centrale et septentrionale de l’Union. Quant à sa forme, on peut la comparer à une queue de castor qui trempe dans l’Océan, entre l’Atlantique à l’est et le golfe du Mexique à l’ouest.
La Floride n’a donc aucun voisin, si ce n’est la Géorgie dont la frontière, vers le nord, confine à la sienne. Cette frontière forme l’isthme qui rattache la péninsule au continent.
En somme, la Floride se présente comme une contrée à part, étrange même, avec ses habitants moitié Espagnols, moitié Américains, et ses Indiens Séminoles, bien différents de leurs congénères du Far-West. Si elle est aride, sablonneuse, presque toute bordée de dunes formées par les atterrissements successifs de l’Atlantique sur le littoral du sud, sa fertilité est merveilleuse à la surface des plaines septentrionales. Son nom, elle le justifie à souhait. La flore y est superbe, puissante, d’une exubérante variété. Cela tient, sans doute, à ce que cette portion du territoire est arrosée par le Saint-John. Ce fleuve s’y déroule largement, du sud au nord, sur un parcours de deux cent cinquante milles, dont cent sept sont aisément navigables jusqu’au lac Georges. La longueur, qui manque aux rivières transversales, ne lui fait point défaut, grâce à son orientation. De nombreux rios l’enrichissent en s’y mêlant au fond des criques multiples de ses deux rives. Le Saint-John est donc la principale artère du pays. Elle le vivifie de ses eaux – ce sang qui coule dans les veines terrestres.
Le 7 février 1862, le steam-boat Shannon descendait le Saint-John. À quatre heures du soir, il devait faire escale au petit bourg de Picolata, après avoir