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quand même !

— Oui, fillette, répondit M. Burbank d’un ton enjoué. Mais, si, demain, je ne déjeûne pas avec vous, tu peux compter que je serai revenu pour dîner, et nous passerons la soirée tous ensemble. — Ah ! dis-moi ! si peu de temps que je reste à Jacksonville, j’en aurai toujours assez pour t’acheter quelque chose !… Qu’est-ce qui pourrait te faire plaisir ? Que veux-tu que je te rapporte ?

— Toi… père… toi !… » répondit l’enfant.

Et sur ce mot qui exprimait si bien le désir de tous, la famille se sépara, après que James Burbank eut fait prendre les mesures de sécurité qu’exigeaient les circonstances.

La nuit se passa sans alerte. Le lendemain, James Burbank, levé dès l’aube, prit l’avenue de bambous qui conduit au petit port. Là, il donna ses ordres pour qu’une embarcation fût prête à huit heures, afin de le transporter de l’autre côté du fleuve.

Comme il se dirigeait vers Castle-House, en revenant du pier, il fut accosté par Zermah.

« Maître, lui dit-elle, votre décision est bien prise ? Vous allez partir pour Jacksonville ?

— Sans doute, Zermah, et je dois le faire dans notre intérêt à tous. Tu me comprends, n’est-ce pas ?

— Oui, maître ! Un refus de votre part pourrait attirer les bandes de Texar sur Camdless-Bay…

— Et ce danger, qui est le plus grave, il faut l’éviter à tout prix ! répondit M. Burbank.

— Voulez-vous que je vous accompagne ?

— Je veux, au contraire, que tu restes à la plantation, Zermah. Il faut que tu sois là, près de ma femme, près de ma fille, au cas où quelque péril les menacerait avant mon retour.

— Je ne les quitterai pas, maître.

— Tu n’as rien su de nouveau ?

— Non ! Il est certain que des gens suspects rôdent autour de la plantation. On dirait qu’ils la surveillent. Cette nuit, deux ou trois barques ont encore