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Page:Verne - Onze jours de siège.djvu/73

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Il va étouffer ! Il fait une chaleur…

Robert

Je ferai ouvrir la fenêtre !

Laurence

C’est impossible !

Roquefeuille

Impossible ! Il fait un froid…

Robert, sèchement.

Impossible ! Je ne vous comprends pas, ma chère Laurence : vous m’engagez à quitter mes vêtements de voyage pour me reposer, je vous écoute ; je me coule dans ma robe de chambre, je me glisse dans mes pantoufles, et vous n’êtes pas satisfaite ? En vérité, que voulez-vous donc ? Que je mette une cravate blanche et un habit noir ?

Roquefeuille

Mais, justement… Voilà… ce qu’on voudrait !

Robert

Vous ne me persuaderez jamais que ce soit une tenue de maître de maison. Alors, mettez une robe décolletée et allumez les lustres !

Laurence, à part.

Que faire, mon Dieu !

Roquefeuille, à Laurence.

Et le maire qui croque le marmot ! Il faut avouer…

Laurence

Jamais ! Ce serait tout risquer.

Robert

Mais qu’avez-vous donc ?

Laurence

Moi, je…

Roquefeuille

Oh ! une idée ! — Parbleu, oui !

Robert

Eh bien ?

Roquefeuille

Eh bien, oui, mon ami, j’ai perdu !

Robert

Perdu ? Perdu quoi ?

Roquefeuille

Une gageure que j’avais faite avec ces dames, et que tu m’as fait perdre !

Robert

Explique-toi !

Roquefeuille

Tu as à moitié deviné. Je voulais te faire quitter tes vêtements de voyage, non pas pour la robe de chambre, mais pour l’habit noir de cérémonie. J’avais parié avec ces dames arriver à ce résultat sans te prévenir. J’ai perdu !

Robert