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la ferme de kerwan.

elle fait défaut sur le million d’acres consacrés à sa culture, c’est la famine dans toute son horreur[1].

Aussi, après avoir chanté le God save the Queen, pieux Irlandais, complétez votre prière en disant :

« God save the potatoes ! »




IX

la ferme de kerwan (Suite)


Le lendemain, 20 octobre, vers trois heures de l’après-midi, des cris joyeux retentirent sur la route à l’entrée de la ferme de Kerwan.

« Voilà le père !

— Voilà la mère !

— Les voilà tous les deux ! »

C’étaient Kitty et Sim, qui saluaient de loin Martin et Martine Mac Carthy.

« Bonjour les enfants ! dit Martin.

— Bonjour, mes fils ! » dit Martine.

Et, dans sa bouche, ce « mes » possessif était empreint de fierté maternelle.

Le fermier et sa femme avaient quitté Limerick ce matin-là de bonne heure. Une trentaine de milles à faire, lorsque les brises de l’automne sont déjà fraîches, il y a de quoi être transis surtout dans un « jaunting-car ».

Le car est appelé « car », parce que c’est un véhicule, et l’on

  1. Telle fut la famine de 1740-1741, qui causa la mort de quatre cent mille irlandais; telle celle de 1847, qui en fit périr un demi-million, et contraignit un nombre égal d’habitants à émigrer au Nouveau-Monde.