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Page:Verne - P’tit-bonhomme, Hetzel, 1906.djvu/144

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prime à gagner.

« Bonne dame, reprit-il, si ce n’est pas trop vous déranger, vous conviendrait-il de sortir un instant ?…

— Vous avez à me parler ? demanda la Hard, toujours soupçonneuse.

— Oui, bonne dame, j’ai à vous parler de ces jeunes enfants… et je me reprocherais de traiter devant eux un sujet… qui pourrait leur causer de la peine… »

Tous deux étant sortis s’éloignèrent de quelques pas, après avoir refermé la porte.

« Nous disons, bonne dame, reprit l’agent d’assurances, que vous avez trois enfants…

— Oui.

— À vous ?…

— Non.

— Êtes-vous leur parente ?…

— Non.

— Alors… ils vous ont été envoyés par la maison de charité de Donegal ?…

— Oui.

— À mon avis, bonne dame, ils ne pouvaient être placés en de meilleures mains… Et pourtant, malgré les soins les plus assidus, il arrive quelquefois que ces petits êtres tombent malades… C’est si fragile la vie d’un enfant, et j’ai cru voir que l’une de vos fillettes…

— Je fais ce que je peux, monsieur, répondit la Hard, qui parvint à tirer une larme de ses yeux de louve. Je veille nuit et jour sur ces enfants… Je me prive souvent de nourriture afin qu’ils ne manquent de rien… Ce que la maison de charité nous donne pour leur entretien est si peu de chose… À peine trois livres, monsieur… trois livres par an…

— En effet, c’est insuffisant, bonne dame, et il faut un véritable dévouement de votre part pour subvenir aux besoins de ces chères créatures… Nous disons que vous avez actuellement deux fillettes et un garçonnet ?…