— Les assurer ?…
— Oui, bonne dame, les assurer… à votre profit…
— À mon profit ! s’écria la Hard dont le regard s’anima de convoitise.
— Vous le comprendrez sans peine… En payant à ma Compagnie quelques pence par mois, vous toucheriez une prime de deux à trois livres, s’ils venaient à mourir…
— Deux à trois livres !… » répéta la Hard.
Et l’agent put se dire que sa proposition avait chance d’être agréée.
« Cela se fait généralement, bonne dame, reprit-il d’un ton mielleux. Nous avons déjà plusieurs centaines d’enfants assurés dans les fermes du Donegal, et, si rien ne peut consoler de la mort d’un pauvre être qu’on a entouré de dévouement, c’est toujours du moins… une… compensation, oh ! bien légère, je l’avoue !… de toucher quelques guinées en bon or d’Angleterre que notre Compagnie est heureuse d’offrir… »
La Hard saisit la main du courtier.
« Et on touche… sans difficultés ?… demanda-t-elle d’une voix rauque, en regardant autour d’elle.
— Sans difficultés, bonne dame. Dès que le médecin a constaté la mort de l’enfant, il n’y a plus qu’à passer chez le représentant de la compagnie à Donegal. »
Puis, tirant un papier de sa poche :
« J’ai des polices toutes préparées, dit-il, et si vous consentiez à mettre votre signature au bas, vous seriez moins inquiète de l’avenir. Et j’ajoute, en cas que l’un de vos enfants viendrait à mourir — hélas ! cela ne se voit que trop ! — la prime pourrait vous aider à l’entretien des autres… C’est vraiment si peu, ce que donne la maison de charité…
— Et cela me coûterait ?… demanda la Hard.
— Trois pence par mois et par enfant, soit neuf pence…
— Vous assureriez même la petite ?…
— Certainement, bonne dame, et quoiqu’elle m’ait paru bien ma-