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le retour.

rin était fatigué, et, en effet, il avait quitté Tralee au milieu de la nuit, après y être venu par le railway. Dès qu’il serait sur pied, il aurait vite fait d’atteindre la ferme. L’essentiel, c’était de l’y précéder, afin que son père et ses frères, avertis à temps, pussent venir au-devant de lui.

Inutile, pas vrai, de lui laisser ce paquet pendant les trois derniers milles ? Pourquoi P’tit-Bonhomme ne s’en chargerait-il pas ? N’était-il pas assez fort pour le porter sur ses épaules ?… En outre, cela lui ferait tant de plaisir de se charger d’un sac de matelot… un sac qui avait navigué… Songez donc !…

Il prit le sac par la boucle de corde qui le fermait, et, l’ayant assujetti sur son dos, il s’élança du côté de la ferme.

Une fois sorti du bois, il n’y avait plus qu’à suivre la grande route, qui filait droit pendant un demi-mille.

P’tit-Bonhomme n’avait pas fait cinq cents pas dans cette direction, qu’il entendit des cris retentir en arrière. Ma foi, il ne voulut ni s’arrêter ni ralentir sa marche, et chercha au contraire à gagner de l’avant.

Mais, en même temps qu’on criait, on courait aussi.

C’était Pat.

En se réveillant, il n’avait plus trouvé son sac. Furieux, il s’était jeté hors du bois, il avait aperçu l’enfant au tournant de la route.

« Eh ! voleur… t’arrêteras-tu ?… »

On imagine bien que P’tit-Bonhomme n’entendait pas de cette oreille-là. Il courait de son mieux. Mais, avec ce sac sur le dos, il ne pouvait manquer d’être rattrapé par le jeune marin, qui devait avoir des jambes de gabier.

« Ah ! voleur… voleur… tu ne m’échapperas pas… et ton affaire est claire ! »

Alors, sentant que Pat n’était plus qu’à deux cents pas derrière lui, P’tit-Bonhomme laissa tomber le sac et se mit à détaler de plus belle.