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double baptême.

cules jaunâtres ou rougeâtres ! C’est là du pain tout fait ; il n’y a plus qu’à le cuire, et un peu de cendre chaude y peut suffire dans les plus modestes foyers.

Et d’abord, Martine demanda à Pat :

« Est-ce pour une année toute entière que tu nous es revenu, mon enfant ?

— Non, mère, pour six semaines seulement. Je ne songe pas à abandonner mon métier qui est un bon métier… Dans six semaines, il faut que je sois de retour à Liverpool, où j’embarquerai de nouveau sur le Guardian…

— Dans six semaines ! murmura Grand-mère.

— Oui, mais en qualité de maître d’équipage, cette fois, et un maître d’équipage à bord d’un grand navire, c’est quelqu’un…

— Bien, Pat, bien ! dit Murdock, en serrant affectueusement la main de son frère.

— Jusqu’au jour de mon départ, reprit le jeune marin, si vous avez besoin de deux bras solides à la ferme, les miens sont à votre service.

— Ce n’est pas à refuser », répondit M. Martin.

Ce jour-là, Pat venait de faire connaissance avec sa belle-sœur Kitty, dont le mariage avait été postérieur à son dernier embarquement. Il fut enchanté de trouver en elle une si excellente femme, digne de Murdock, et crut même devoir la remercier de ce qu’elle lui donnerait un neveu — à moins que ce ne fût une nièce — avant qu’il eût rejoint son bord. Il se faisait une joie de devenir oncle, et il embrassait Kitty comme une sœur qui lui était survenue pendant son absence.

On le croira volontiers, P’tit-Bonhomme n’était pas resté insensible devant ces épanchements. Il s’y associait du fond du cœur, tout en se tenant dans un coin de la salle. Mais son tour vint de s’approcher. Au surplus, est-ce qu’il n’était pas de la famille ? On avait raconté son histoire à Pat. Le brave garçon en parut très touché. De cet instant, tous les deux furent grands amis.