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Page:Verne - P’tit-bonhomme, Hetzel, 1906.djvu/174

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double baptême.

donna le jour à une petite fille. Quelle joie pour tout le monde ! Ce bébé, on le reçut comme un ange qui serait entré par la fenêtre de la grande salle en battant de l’aile. Grand’mère et Martine se l’arrachaient. Murdock eut un sourire de bonheur en embrassant son enfant. Ses deux frères demeuraient en adoration devant leur nièce. N’était-ce pas le premier fruit que donnait cette maîtresse branche de l’arbre de la famille, la branche Kitty-Murdock, en attendant que les deux autres voulussent bien en produire autant ? Et si la jeune mère fut félicitée, choyée, entourée de soins ! Et si des larmes d’attendrissement coulèrent !… On eût dit que le logis était vide avant la naissance de ce petit être !

Quant à notre garçonnet, jamais il n’avait été aussi ému que lorsqu’il lui fut permis de donner un baiser au nouveau-né.

Que cette naissance dût être une occasion de fête, cela ne faisait doute pour personne aussitôt que Kitty pourrait y prendre part. Et c’est ce qui ne tarderait guère. Du reste, le programme en serait très simple. Après la cérémonie du baptême à l’église de Silton, le curé et quelques amis de M. Martin, une demi-douzaine de tenanciers du voisinage qui ne regarderaient pas à venir de deux ou trois milles, se réuniraient à la ferme. Un copieux et succulent déjeuner les y attendrait. Ces braves gens seraient charmés de s’associer aux joies de cette honnête famille dans un cordial banquet. Ce qui la rendait heureuse plus particulièrement, c’est que Pat était de la fête, puisque son départ pour Liverpool ne devait s’effectuer que vers les derniers jours de septembre. Décidément, la déesse Lucine, qui préside aux naissances, avait convenablement arrangé les choses, et on lui aurait fait brûler un beau cierge, si elle n’eût été abominablement païenne d’origine.

Il y eut d’abord une question à décider : quel nom donnerait-on à l’enfant ?

Grand’mère proposa le nom de Jenny, et, là-dessus, il n’y eut aucune difficulté, pas plus d’ailleurs que pour le choix d’une marraine. On était tellement assuré de lui faire plaisir en le lui proposant