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p’tit-bonhomme.

P’tit-Bonhomme prit entre ses bras le boy que la fatigue avait endormi. Suivi de Birk, il traversa la route et s’enfonça d’une vingtaine de pas sous le bois, assez obscur déjà, entre ces gros hêtres séculaires, dont on compte des milliers dans cette partie de l’Irlande.

Quelle satisfaction il éprouva de rencontrer un de ces larges troncs, à demi courbé, creusé par la vieillesse ! C’était une sorte de berceau, de nid si l’on veut, où il pourrait déposer son petit oiseau. Ce trou était rempli d’une poussière molle comme de la sciure, et en y ajoutant une brassée d’herbes, cela ferait un lit très convenable. Et même, il ne serait pas impossible de s’y blottir à deux, d’y reposer plus chaudement. Tout en dormant, l’enfant sentirait qu’il n’était plus seul.

Un instant encore et il était installé dans ce creux. Ses yeux ne se rouvrirent même pas, mais il respirait doucement et ne tarda pas à tomber dans un profond sommeil.

P’tit-Bonhomme s’occupa alors de faire sécher les vêtements que son protégé — le protégé de P’tit-Bonhomme ! — devrait reprendre le lendemain. Ayant allumé un feu de bois sec, il tordit ces haillons, il les exposa à la flamme pétillante, puis il les étendit sur une basse branche du hêtre.

Le moment était venu de souper de pain, de pommes de terre, de cheddar. Le chien ne fut point oublié, et bien que sa part n’eût pas été très grosse, il ne se plaignait point. Son jeune maître alla s’étendre dans le creux du hêtre, et, les bras autour du petit, il finit par succomber au sommeil, tandis que Birk veillait sur le couple endormi.

Le lendemain, 18 septembre, l’enfant se réveilla le premier, tout étonné d’être couché dans un si bon lit. Birk lui adressa un jappement protecteur… Dame ! est-ce qu’il n’était pas pour quelque chose dans son sauvetage ?

P’tit-Bonhomme ouvrit les yeux presque aussitôt, et le boy se jeta à son cou en l’embrassant.

« Comment te nommes-tu ? lui demanda-t-il.