était maintenant un gaillard de vingt ans, dégourdi, vigoureux, solidement campé, ne rappelant en rien le souffre-douleur des déguenillés de Galway, si ce n’est qu’il avait conservé sa bonne physionomie d’autrefois.
« Grip… Grip… c’est toi… c’est toi !… ne cessait de redire P’tit-Bonhomme.
— Oui… moi… et qui n’t’ai jamais oublié, mon boy !
— Et tu es matelot ?…
— Non… chauffeur à bord du Vulcan ! »
Cette qualification de chauffeur fit sur Bob une impression considérable.
« Qu’est-ce que vous faites chauffer, monsieur ? demanda-t-il. La soupe ?…
— Non, p’tiôt, répondit Grip, la chaudière qui fait marcher not’machine, qui fait marcher not’bateau ! »
Et, là-dessus, P’tit-Bonhomme présenta Bob à son ancien protecteur de la ragged-school.
« Une sorte de frère, dit-il, que j’ai rencontré sur la grande route… et qui te connaît bien, car je lui ai souvent raconté notre histoire !… Ah ! mon bon Grip, que tu dois avoir de choses à me dire… depuis près de six ans que nous sommes séparés !
— Et toi ?… répliqua le chauffeur.
— Eh bien ! viens… viens déjeuner avec nous… dans ce cabaret où nous allions entrer…
— Ah ! non ! dit Grip. Ça s’ra vous qui d’jeunerez avec moi ! Mais auparavant, v’nez à bord…
— À bord du Vulcan ?…
— Oui. »
À bord… tous les deux ?… Bob et P’tit-Bonhomme ne pouvaient en croire Grip. C’est comme si on leur eût proposé de les mener au paradis !…
« Et notre chien ?…
— Què chien ?