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à dublin.

« T’as cogné dur, au moins ?… demanda Grip.

— Non, mais ce méchant Ashton était plus humilié d’être à terre sous mon genou que si je l’avais frappé !

— C’t’égal… j’aurais cogné d’ssus, moi ! » répondit le premier chauffeur du Vulcan.

Pendant le narré de ces intéressantes aventures, le joyeux trio remontait la rive droite du canal. Grip demandait toujours de nouveaux détails. Il ne cachait point son admiration à l’égard de P’tit-Bonhomme. Quelle entente il possédait des choses du commerce… Quel génie, qui savait acheter et vendre, qui savait compter — à tout le moins aussi bien que M. O’Bodkins !… Et, lorsque P’tit-Bonhomme lui eut fait connaître l’importance du capital qu’il avait « en caisse », soit cent cinquante livres :

« Allons, dit-il, te v’là aussi riche que je l’suis, mon boy !… Seul’ment, j’ai mis six ans à gagner c’que t’as gagné en six mois !… J’te répète ce que j’t’ai dit à Cork… tu réussiras dans tes affaires… tu f’ras fortune…

— Où ?… demanda P’tit-Bonhomme.

— Partout où qu’t’iras, répondit Grip avec l’accent de la plus absolue conviction. À Dublin, si t’y restes… ailleurs, si tu vas ailleurs !

— Et moi ?… demanda Bob.

— Toi aussi, bambin, à c’te condition qui t’vienne souvent des idées comme l’idée des oiseaux.

— J’en aurai, Grip.

— Et d’ne rien faire sans consulter l’patron…

— Qui… le patron ?…

— P’tit-Bonhomme !… Est-ce qu’il n’te fait pas l’effet d’en être un, d’patron ?…

— Eh bien, dit celui-ci, causons de tout cela…

— Oui… mais après l’déjeuner, répondit Grip. J’suis libre d’ma journée. J’connais la ville comm’ la chaufferie ou les soutes du Vulcan… Il faut que j’te pilote, et qu’nous courions Dublin ensemble… Tu verras c’qui s’ra l’mieux à entreprendre… »