la voyageuse, en faisant de grands gestes dramatiques. Des échelles, mes amis, des échelles… et des sauveteurs ! »
Mais comment appliquer des échelles contre ces murs qui menaçaient de s’écrouler ? Comment atteindre le galetas sur un toit enveloppé d’une fumée épaisse, et dont le chaume pétillait comme une meule livrée aux flammes ?
« Qui donc est dans ce grenier ?… demanda-t-on à M. O’Bodkins, occupé à ramasser ses registres.
— Qui ?… je ne sais… » répondit le directeur éperdu, n’ayant conscience que de son propre désastre.
Puis, la mémoire lui revenant :
« Ah !… si… deux… Grip et P’tit-Bonhomme…
— Les malheureux ! s’écria la dame. Mon or, mes bijoux, tout ce que je possède, à qui les sauvera ! »
Il était maintenant impossible de pénétrer à l’intérieur de l’école. Une gerbe écarlate se projetait à travers les murs. Le dedans flambait, crépitait, s’écroulait. Encore quelques instants, et sous le souffle de la rafale, qui tordait les flammes comme l’étamine d’un pavillon, la ragged-school ne serait plus qu’une caverne de feu, un tourbillon de vapeurs incandescentes.
Soudain le toit de chaume creva à la hauteur de la lucarne. Grip était parvenu à le déchirer, à briser les bardeaux, au moment où l’incendie faisait craquer le plancher du galetas. Il se hissa alors sur les traverses du faîtage, et il tira après lui le jeune garçon à demi-suffoqué. Puis, ayant gagné la partie du mur qui formait pignon à droite, il se laissa glisser sur l’arête, tenant toujours P’tit-Bonhomme entre ses bras.
En ce moment, il se produisit une violente poussée de flammes fuligineuses, éructées de la toiture, en faisant jaillir des milliers d’étincelles.
« Sauvez-le… cria Grip, sauvez-le ! »
Et il lança l’enfant du côté de la rue, où, par bonheur, un homme le reçut dans ses bras, avant qu’il se fût brisé sur le sol.