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Page:Verne - Premier et second carnets de poèmes, 1847.djvu/107

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Il pèse sur la drisse
Pour installer son foc.
D’un bras solide il hisse
Sa vieille voile à bloc.

Puis il largue l’amarre
Qu’il ramène à l’avant,
Et la main sur la barre,
Il s’abandonne au vent.

Mais devant le Calvaire
Quand il passe, je crois,
Que l’ivrogne a dû faire
Le signe de la Croix.

4


La baie a deux bons milles
Du port au pied des Bancs.
Des passes difficiles,
De sinueux rubans !

C’est comme un labyrinthe
Où, même en plein midi,
On ne va pas sans crainte,
Eût-on le cœur hardi.

Mais, John, c’est son affaire.
Bras vigoureux, oeil sûr,
Il sait ce qu’il faut faire
Et se dirige sur

Le cap que l’on voit poindre
Au pied du vieux fanal.
Là, le courant est moindre
Qu’à travers le chenal.

John largue sa voilure
Qu’il desserre d’un cran,
Et sous cette autre allure
Laisse porter en grand.

Bon ! le feu de marée
Vient de s’effacer !
C’est Que John est à l’entrée
Des passes du Nord-Est.