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Page:Verne - Premier et second carnets de poèmes, 1847.djvu/248

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XLI

Le Jeudi saint à Ténèbres.

Plorans ploravit in nocte.


J’aime d’un amour saint l’immense cathédrale
Qui porte fièrement sa tête colossale,
Lève sa tour altière où la cloche se plaint,
Et fait frissonner l’air sous son marteau d’airain.
Surtout au crépuscule à ces heures funèbres,
Lorsque le Jeudi saint nous appelle à Ténèbres,
Où la nuit veut en vain, en doublant ses vapeurs
Enchaîner en son sein le grand jour des douleurs,
Où l’âme plus chagrine, et plus mélancolique,
Pressent dans la nature un spectacle tragique,
J’aime à venir entendre au temple triste et noir
Les chants, les cris, les pleurs de l’office du soir.

Tout est regret ! la lune à peine entr’ouvre l’ombre
Jetant un vain regard sur la terre trop sombre ;
Elle en comprend le crime et se revêt de deuil ;
Puis un instant, du ciel demeurant sur le seuil,