Aller au contenu

Page:Verne - Premier et second carnets de poèmes, 1847.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et verse à pleins rayons la brûlante tempête !
Fait éclater le crâne, et l’embrase ; partout
L’ardente aridité, partout ! — à moitié fou
Se traînant sur ses mains que déchire la ronce
Sans qu’à ses yeux jamais le terme ne s’annonce,
Haletant, égaré, demi-nu, harassé,
Se retrouvant sans cesse au même écueil passé,
Déchirant ses genoux, déchirant son visage,
Dans l’éternel ennui d’un éternel naufrage
L’âme semblable au corps, enchaînée à ces coups
Que le ciel irrité déchaîne en son courroux,
Le cœur tout déchiré des épines, des larmes,
Débordant d’amertume, et de crainte et d’alarmes,
Usant l’urne des pleurs jusqu’à tarir son cours,
Sans cesse se levant, et retombant toujours,
Tel est le voyageur de la seconde voie !
Son dos trop surchargé souffre, se brise, et ploie !

Pauvre homme ! en ces douleurs qui dessèchent les yeux,
Hélas ! aucun rayon qui descende des Cieux !
Il est seul, toujours seul, et de la providence
Le don doux bon ami, la fragile espérance,
Compagne du malheur qui réchauffe le sein