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Cet état de choses ne pouvait qu’inquiéter beaucoup Robur relativement à ses projets ultérieurs. N’éprouverait-il pas quelques retards pour rallier l’île Chatam ? Aussi, pendant que les réparations étaient activement poussées, prit-il la résolution de redescendre dans les basses couches avec l’espérance d’y rencontrer des courants plus faibles. Peut-être l’Albatros parviendrait-il à se maintenir dans ces parages jusqu’au moment où il serait redevenu assez puissant pour refouler la brise ?

La manœuvre fut aussitôt faite. Si quelque navire eût assisté aux évolutions de cet appareil, alors baigné dans ses lueurs électriques, de quelle épouvante son équipage aurait été pris !

Lorsque l’Albatros ne fut plus qu’à quelques centaines de pieds de la surface de la mer, il s’arrêta.

Malheureusement, Robur dut le constater, la brise soufflait avec plus de force dans cette zone inférieure, et l’aéronef s’éloignait avec une vitesse plus grande. Il risquait donc d’être entraîné fort loin dans le nord-est, ― ce qui retarderait son retour à l’île Chatam.

En somme, après tentatives faites, il fut prouvé qu’il y avait avantage à se maintenir dans les hautes couches où l’atmosphère était mieux équilibrée. Aussi l’Albatros remonta-t-il à une moyenne de trois mille mètres. Là, s’il ne resta pas stationnaire, du moins sa dérive fut-elle plus lente. L’ingénieur put donc espérer qu’au lever du jour, et de cette altitude, il aurait encore en vue les parages de l’île, dont il avait d’ailleurs relevé la position avec une exactitude absolue.

Quant à la question de savoir si les fugitifs auraient reçu bon accueil des indigènes, au cas où l’île serait habitée, Robur ne s’en préoccupait même pas. Que ces indigènes leur vinssent en aide, peu lui importait. Avec les moyens offensifs dont disposait l’Albatros, ils seraient promptement épouvantés, dispersés. La capture des prisonniers ne pouvait donc faire question, et, une fois repris…

« On ne s’enfuit pas de l’île X ! » dit Robur.

Vers une heure après minuit, le propulseur de l’avant était réparé. Il ne s’agissait plus que de le remettre en place, ce qui exigeait encore une heure