Page:Verne - Robur le conquérant, Hetzel, 1904.djvu/36

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― Vraiment ! » répondit Robur en haussant les épaules.

Puis il reprit :

« Depuis qu’on a étudié le vol des grands et des petits volateurs, cette idée si simple a prévalu : c’est qu’il n’y a qu’à imiter la nature, car elle ne se trompe jamais. Entre l’albatros qui donne à peine dix coups d’aile par minute, entre le pélican qui en donne soixante-dix…

― Soixante et onze ! dit une voix narquoise.

― Et l’abeille qui en donne cent quatre-vingt-douze par seconde…

― Cent quatre-vingt-treize !… s’écria-t-on par moquerie.

― Et la mouche commune qui en donne trois cent trente…

― Trois cent trente et demi !

― Et le moustique qui en donne des millions…

― Non !… des milliards ! »

Mais Robur, l’interrompu, n’interrompit pas sa démonstration.

« Entre ces divers écarts… reprit-il.

― Il y a le grand ! répliqua une voix.

― … il y a la possibilité de trouver une solution pratique. Le jour où M. de Lucy a pu constater que le cerf-volant, cet insecte qui ne pèse que deux grammes, pouvait enlever un poids de quatre cents grammes, soit deux cents fois ce qu’il pèse, le problème de l’aviation était résolu. En outre, il était démontré que la surface de l’aile décroît relativement à mesure qu’augmentent la dimension et le poids de l’animal. Dès lors, on est arrivé à imaginer ou construire plus de soixante appareils…

― Qui n’ont jamais pu voler ! s’écria le secrétaire Phil Evans.

― Qui ont volé ou qui voleront, répondit Robur, sans se déconcerter. Et, soit qu’on les appelle des stréophores, des hélicoptères, des orthopthères, ou, à l’imitation du mot « nef » qui vient de navis, qu’on les fasse venir de avis pour les nommer des « efs… » on arrive à l’appareil dont la création doit rendre l’homme maître de l’espace.

― Ah ! l’hélice ! repartit Phil Evans. Mais l’oiseau n’a pas d’hélice… que nous sachions !

― Si, répondit Robur. Comme l’a démontré M. Penaud, en réalité l’oiseau