Page:Verne - Robur le conquérant, Hetzel, 1904.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Bref, une minute après cette agression, sans qu’aucun mot eût été échangé entre les agresseurs, Uncle Prudent, Phil Evans et Frycollin sentaient qu’on les déposait doucement, non sur l’herbe de la clairière, mais sur une sorte de plancher que leur poids fit gémir. Là, ils furent accotés l’un près de l’autre. Une porte se referma sur eux. Puis, le grincement d’un pêne dans une gâche leur apprit qu’ils étaient prisonniers.

Il se fit alors un bruissement continu, comme un frémissement, un frrrr, dont les rrr se prolongeaient à l’infini, sans qu’aucun autre bruit fût perceptible au milieu de cette nuit si calme.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quel émoi, le lendemain, dans Philadelphie ! Dès les premières heures, on savait ce qui s’était passé la veille à la séance du Weldon-Institute : l’apparition d’un mystérieux personnage, un certain ingénieur nommé Robur ― Robur-le-Conquérant ! ― la lutte qu’il semblait vouloir engager contre les ballonistes, puis sa disparition inexplicable.

Mais ce fut bien une autre affaire, lorsque toute la ville apprit que le président et le secrétaire du club, eux aussi, avaient disparu pendant la nuit du 12 au 13 juin.

Ce que l’on fit de recherches dans toute la cité et aux environs ! Inutilement, d’ailleurs. Les feuilles publiques de Philadelphie, puis les journaux de la Pensylvanie, puis ceux de toute l’Amérique, s’emparèrent du fait et l’expliquèrent de cent façons, dont aucune ne devait être la vraie. Des sommes considérables furent promises par annonces et affiches ― non seulement à qui retrouverait les honorables disparus, mais à quiconque pourrait produire quelque indice de nature à mettre sur leurs traces. Rien n’aboutit. La terre se serait entrouverte pour les engloutir, que le président et le secrétaire du Weldon-Institute n’auraient pas été plus supprimés de la surface du globe.

À ce propos, les journaux du gouvernement demandèrent que le personnel de la police fût augmenté dans une forte proportion, puisque de pareils attentats pouvaient se produire contre les meilleurs citoyens des États-Unis ― et ils avaient raison…

Il est vrai, les journaux de l’opposition demandèrent que ce personnel fût