Page:Verne - Robur le conquérant, Hetzel, 1904.djvu/51

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quitté la rue Walnut, ces sbires nous ont épiés, suivis, et, lorsqu’ils nous ont vus imprudemment engagés dans les avenues de Fairmont-Park, ils ont eu la partie belle.

― D’accord, répondit Phil Evans. Oui ! nous avons eu grand tort de ne pas regagner directement notre domicile.

― On a toujours tort de ne pas avoir raison », répondit Uncle Prudent.

En ce moment, un long soupir s’échappa du coin le plus obscur de la cellule.

« Qu’est-ce cela ? demanda Phil Evans.

― Rien !… Frycollin qui rêve. »

Et Uncle Prudent reprit :

« Entre le moment où nous avons été saisis, à quelques pas de la clairière, et le moment où on nous a jetés dans ce réduit, il ne s’est pas écoulé plus de deux minutes. Il est donc évident que ces gens ne nous ont pas entraînés au-delà de Fairmont-Park…

― Et s’ils l’avaient fait, nous aurions bien senti un mouvement de translation.

― D’accord, répondit Uncle Prudent. Donc il n’est pas douteux que nous soyons enfermés dans le compartiment d’un véhicule, ― peut-être un de ces longs chariots des Prairies, ou quelque voiture de saltimbanques…

― Évidemment ! Si c’était un bateau amarré aux rives de la Schuylkill-river, cela se reconnaîtrait à certains balancements que le courant lui imprimerait d’un bord à l’autre.

― D’accord, toujours d’accord, répéta Uncle Prudent, et je pense que, puisque nous sommes encore dans la clairière, c’est le moment ou jamais de fuir, quitte à retrouver plus tard ce Robur…

― Et à lui faire payer cher cette atteinte à la liberté de deux citoyens des États-Unis d’Amérique !

― Cher… très cher !

― Mais quel est cet homme ?… D’où vient-il ?… Est-ce un Anglais, un Allemand, un Français…