digérer son insuccès, lors de cette bataille où les dollars avaient vaincu les pounds sterlings.
Ah ! ce Yankee avait affirmé qu’il atteindrait le Pôle boréal ! Ah ! il mettrait le pied là où aucun être humain ne l’avait pu mettre encore ! Ah ! il planterait le pavillon des États-Unis sur le seul point du globe terrestre qui reste éternellement immobile, lorsque les autres sont emportés dans le mouvement diurne !
Et alors, les caricaturistes de se donner libre carrière.
Aux vitrines des principaux libraires et des kiosques des grandes villes de l’Europe, aussi bien que dans les importantes cités de la Confédération — ce pays libre par excellence — apparaissaient croquis et dessins, montrant le président Barbicane à la recherche des moyens les plus extravagants pour atteindre le Pôle.
Ici, l’audacieux Américain, aidé de tous les membres du Gun-Club, la pioche à la main, creusait un tunnel sous-marin à travers la masse des glaces immergées depuis les premières banquises jusqu’au quatre-vingt-dixième degré de latitude septentrionale, afin de déboucher à la pointe même de l’axe.