Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

92
seconde patrie.

et probablement seule survivante du naufrage de la Dorcas.

Combien de temps s’était écoulé depuis que la chaloupe avait été engloutie ?… La jeune fille n’aurait pu le dire. Ce fut miracle qu’elle eût conserve assez de force pour se trainer à l’intérieur d’une grotte où, après avoir mangé quelque œufs, le sommeil lui procura un peu de repos.

Elle se releva enfin, elle fit sécher au soleil les vêtements d’homme qu’elle avait revêtus au moment du naufrage pour être plus libre de ses mouvements, et dont la poche contenait un briquet de métal qui lui servit à faire du feu.

Une excursion le long des grèves de l’îlot ne permit pas à Jenny d’apercevoir un seul de ses compagnons. Rien que des débris du navire, quelques pièces de bois qu’elle utilisa pour l’entretien de son foyer.

Eh bien, telle était l’énergie physique et morale de cette jeune fille, la puissance de son éducation presque virile, que le désespoir n’eut point prise sur son âme. Elle organisa son installation de la grotte. Quelques clous, arrachés aux épaves de la Dorcas, furent ses seuls outils. Très adroite de ses mains, possédant un esprit inventif, elle sut fabriquer divers objets de première nécessité. Elle parvint à faire un arc, tailler des flèches, pour chasser le gibier de poil et de plume assez abondant sur cette côte, et pourvoir à son alimentation quotidienne. Il y eut même de ces animaux qu’elle put appri-