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seconde patrie.

des naufragés du Landlord à la grève de Zeltheim. L’émotion se mélangea d’une joie sincère. Ce fut un concert de franche gaîté, dans lequel Jack fit sa partie avec ce vif entrain qu’il mettait en toutes choses.

MM. Zermatt et Wolston s’embrassèrent. Les vieux amis qu’ils étaient déjà avaient pu s’apprécier et s’estimer dans la vie commune. Le premier eut pour Annah des caresses de père, et le second traita Ernest et Jack comme ses fils. Et il en fut pareillement des deux mères, qui confondirent leurs enfants dans les mêmes baisers.

Quant à Annah Wolston, elle dut être particulièrement touchée des compliments que lui adressa Ernest. On n’a pas oublié que ce jeune homme s’adonnait quelque peu à la poésie. Une fois déjà, à l’occasion de l’honnête baudet, après la funeste rencontre avec le monstrueux boa, n’avait-il pas orné son épitaphe de quelques rimes assez correctes ?… Eh bien, en l’honneur de la jeune fille, son inspiration le servit heureusement, et les joues d’Annah se colorèrent, lorsque le jeune disciple d’Apollon la félicita d’avoir retrouvé la santé au bon air de la Terre-Promise.

« La santé… et le bonheur !» répondit-elle en embrassant Mme Zermatt.

Ce jour-là, qui était un vendredi, fut célébré comme un dimanche par des actions de grâces envers le Très-Haut dont on appela la protection