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seconde patrie.

rassée de pousser la barre à tribord ou à bâbord comme un vieux loup de mer !…

– Pourquoi pas… répondit en riant la jeune fille, surtout si je n’ai qu’à suivre vos conseils, Jack…

– Bon ! diriger un bateau, ce n’est pas plus difficile que diriger un ménage, et comme toutes les femmes s’y entendent de naissance… » répliqua Jack.

Il ne fut pas nécessaire de recourir aux avirons, ni – ce qui eût été plus simple, – de se faire remorquer par le canot. Lorsque les deux voiles eurent été disposées en ciseaux, la pinasse reçut plus docilement l’action de la brise, et elle gagna sensiblement vers le cap de l’Est.

Au surplus, à de certains indices, nul doute que le vent d’ouest ne se fît sentir au delà. De ce côté, la mer verdissait à moins d’une lieue. Parfois, de petites lames, échelonnant leurs blanches rayures, s’éclairaient de reflets luminescents. La navigation se poursuivit donc sous une allure favorable, et il était à peine huit heures et demie, lorsque l’Élisabeth se trouva par le travers du cap.

La voilure ayant été modifiée, le petit bâtiment prit une marche plus rapide, balancé par un léger tangage qui n’incommoda d’ailleurs ni les passagers ni les passagères.

La brise étant franchement établie, M. Zermatt proposa de remonter vers le nord-est, afin