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seconde patrie.

leté de ses deux fils à manœuvrer leur kaïak.

— Rassure-toi, ma chère Betsie, et vous aussi, Jenny, dit M. Zermatt. Jack plaisante… Il ne s’agit que de se rendre à l’îlot du Requin, de tirer les deux coups réglementaires en arborant le pavillon et de revenir après avoir vu si tout est en ordre.

— C’est convenu, répondit Jenny, et, tandis que Fritz et Jack traîneront l’îlot, Ernest, François et moi, nous irons tendre nos lignes… à la condition que Mme Betsie n’ait pas besoin de moi…

— Non, ma chère fille, dit Mme Zermatt, et, pendant ce temps, je vais préparer notre prochaine lessive. »

Après être d’abord descendus à l’embouchure du ruisseau des Chacals, où Jack amena le kaïak, Fritz et lui embarquèrent. On leur souhaita bonne traversée, et la légère embarcation se lança vivement hors de la petite crique.

Le temps était beau, la mer calme, la marée favorable. Placés l’un devant l’autre, chacun dans l’étroite ouverture qui lui était ménagée, les deux frères maniaient la pagaie tour à tour et s’éloignaient rapidement de Felsenheim. Comme le courant portait un peu vers l’est, le kaïak dut se rapprocher de la côte opposée, en franchissant le goulet qui mettait la baie du Salut en communication avec la pleine mer.

À cette époque, Fritz était âgé de vingt-cinq ans. Adroit, vigoureux, rompu à tous les exer-