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seconde patrie.

En somme, si aucun cours d’eau infranchissable – un torrent, par exemple – ne venait barrer la route, il n’y aurait pas lieu de se plaindre. M. Wolston, Ernest et Jack cheminaient sous l’abri d’un impénétrable plafond de verdure, bien qu’il fût verticalement frappé des rayons du soleil. Grand avantage, on en conviendra, pour de simples piétons, que revivifiaient d’autre part les pénétrantes senteurs de la forêt.

Si le gibier était devenu rare, Jack, M. Wolston et même Ernest n’en furent pas moins contraints à faire le coup de feu pendant cette étape. Il ne s’agissait pas de ces carnassiers, lions, tigres, panthères, couguars, déjà rencontrés à proximité de la Terre-Promise ou dans les territoires limitrophes de la baie des Perles. Mais quelle engeance aussi nombreuse que malfaisante !

« Ah ! les gueux !… s’écria Jack. On dirait qu’ils se sont tous réfugiés dans cette forêt depuis qu’on les a chassés des bois de Waldegg et de Zuckertop !… »

Et, après avoir reçu en pleine poitrine plusieurs pommes de pin lancées d’un bras vigoureux, il s’empressa de tirer les deux coups de son fusil.

Il fallut continuer cette fusillade durant une heure, au risque d’épuiser les munitions du voyage. Une vingtaine de quadrumanes, grièvement ou mortellement blessés, gisaient sur