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seconde patrie.

droits, elle dépassait cinquante degrés. De là, nécessité d’allonger le parcours, en obliquant à droite et à gauche.

Ce qui, il est vrai, favorisait l’ascension, c’est que le flanc offrait un solide point d’appui. Il n’y avait pas encore lieu de s’accrocher avec les mains ni de recourir à des mouvements de reptation. Le pied tenait ferme sur cette verdure, bossuée de racines et de pointes rocheuses. Des chutes n’étaient pas à craindre, et l’on en eût été quitte, en somme, pour une dégringolade de quelques pas sur un épais tapis de mousse.

L’ascension put donc s’effectuer sans aucun arrêt, en zigzags, de manière à diminuer l’angle d’inclinaison, bien qu’il en résultât une certaine fatigue. Le sommet ne serait pas atteint, sans que les ascensionnistes n’eussent été astreints à une ou deux haltes pour reprendre haleine. Si Ernest et Jack, jeunes, vigoureux, entraînés journellement, rompus aux exercices corporels, n’éprouvaient pas trop de lassitude, M. Wolston, vu son âge, ne pouvait fournir une telle dépense de souplesse et de force. Cependant, il se déclarerait satisfait, si, avant l’heure du déjeuner, ses compagnons et lui étaient campés à la base du cône. Une heure ou deux suffiraient alors pour en atteindre l’extrême pointe.

À maintes reprises, Jack fut invité à ne point se risquer comme un chamois, puisque la nature ne l’avait pas classé parmi cette espèce des