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seconde patrie.

airs, nos familles nous verraient de là-bas… elles nous feraient des signaux…, elles hisseraient un pavillon au pigeonnier de Felsenheim !… Nous leur dirions bonjour avec le nôtre…

– Voilà Jack parti !… répliqua M. Wolston.

– Et je suis sûr qu’Ernest verrait Annah…

– Mais je la vois toujours…

– C’est entendu… même sans lorgnette, s’écria Jack. Hein ! comme ça porte loin, les yeux du cœur ! »

En somme, on ne pouvait apercevoir aucun détail de la Terre-Promise. Dans ces conditions, il ne restait donc aux observateurs qu’à prendre une vue exacte de l’île en relevant ses contours et sa configuration géologique.

La côte vers le levant, au revers de la baie de la Licorne, présentait une bordure rocheuse qui encadrait toute cette partie aride, précédemment reconnue lors du premier voyage de la pinasse. Puis les falaises se rabaissaient, le littoral s’exhaussait vers l’embouchure de la rivière Montrose pour finir en un promontoire aigu, et il se recourbait à l’endroit où la chaîne prenait naissance au sud-est.

On entrevoyait, comme un filet lumineux, les sinuosités de la Montrose. Dans son cours d’aval, la rivière arrosait une région boisée et verdoyante, – région dénudée dans son cours d’amont. Alimentée par de nombreux rios descendus des derniers étages de la sapinière, elle faisait