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seconde patrie.

ne pouvait me l’indiquer… Je n’avais point la boussole d’Ernest ni cette sorte de sens de l’orientation dont il est doué… comme un véritable Chinois… Donc, grand embarras…

« Enfin peut-être ne me serait-il pas impossible de découvrir quelques traces de mon passage, ou plutôt celles des éléphants. Il est vrai, ce qui devait rendre cette reconnaissance très difficile, c’est que la forêt s’assombrissait peu à peu. D’ailleurs, de nombreuses foulées se croisaient de toutes parts. En outre, j’entendais au loin certains appels de clairon, et, sans doute, c’était sur les bords de ce ruisseau que le troupeau des éléphants se réunissait chaque soir.

« Je compris que je ne parviendrais point à retrouver mon chemin avant le retour du soleil, et Falb lui-même, malgré son instinct, ne s’y reconnaissait plus.

« Pendant une heure, j’errai ainsi au hasard, ne sachant pas si je me rapprochais du littoral ou si je m’en éloignais… Oh ! chère mère, crois-le bien, je me blâmais de mon imprudence, et, ce qui me causait grande peine, c’était de penser que M. Wolston et Ernest, n’ayant pu se résoudre à m’abandonner, me cherchaient en vain !… Ce serait moi qui aurais retardé leur rentrée à Felsenheim, et que penseriez-vous de ce retard ?… Quelles inquiétudes vous éprouveriez, en ne nous voyant pas revenir dans les délais indiqués par le billet d’Ernest ?… Enfin