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seconde patrie.

avait urgence à profiter, et, sans demander mon reste, sans chercher à savoir ce qu’il adviendrait de cette rencontre entre les éléphants et les naturels, je courus vers la falaise, je remontai le ravin, et je me lançai sous bois, où je rencontrai mon brave Falb qui errait en m’attendant… Il va de soi que je m’étais emparé de mon fusil et de ma gibecière, qui devaient m’être de première utilité.

« Je marchai toute la nuit, toute la journée suivante, chassant pour vivre, ne m’arrêtant que pour préparer et dévorer mon gibier, et c’est après vingt-quatre heures que j’atteignis la rive droite de la rivière Montrose, non loin du barrage…

« Alors je savais où j’étais… je descendis jusqu’au ruisseau dont mon père et moi nous avions remonté le cours… Il y eut des plaines et des bois à franchir dans la direction de la vallée de Grünthal, où j’arrivai aujourd’hui même dans l’après-midi… Je passai le défilé de Cluse, et quel eût été mon chagrin, mes chers parents, mes chers amis, si vous eussiez été déjà partis à ma recherche en suivant le littoral… si je ne vous avais pas retrouvés à Felsenheim ! »

Tel fut le récit assez circonstancié que fit Jack, – récit qui avait provoqué deux ou trois interruptions, dont il convenait de tenir compte.

Et, d’abord, quels étaient ces naturels ?… D’où venaient-ils ?… Évidemment de la côte