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seconde patrie.

Plusieurs fois par jour, les longues-vues étaient braquées dans la direction de la baie des Éléphants, – nom qui fut attribué à cette partie de la côte où campaient les sauvages.

Mais, jusqu’alors, aucune pirogue n’avait été aperçue. Si les naturels n’avaient point remis à la voile, il semblait, tout au moins, qu’ils ne s’étaient pas avisés de quitter leur campement. D’ailleurs, si, contrairement à tout espoir, ils se montraient à la pointe du cap de l’Est et se dirigeaient vers la baie du Salut, ne serait-il pas possible de les arrêter avec la batterie de l’îlot du Requin et les pièces établies sur les hauteurs de Felsenheim ?… Dans tous les cas, mieux valait avoir à se défendre contre eux du côté de la mer que du côté de la terre. Et le plus grand danger était qu’ils vinssent de l’intérieur, après avoir forcé le défilé de Cluse.

En effet, l’envahissement d’une centaine de ces noirs, l’assaut qu’ils eussent donné à Felsenheim, n’auraient probablement pas pu être repoussés. Peut-être alors eût-il fallu se réfugier sur l’îlot du Requin, où la résistance pourrait être maintenue jusqu’à l’arrivée de la corvette anglaise.

Et la Licorne qui n’apparaissait pas, et la fin d’octobre qui approchait. Chaque matin, M. Zermatt, Ernest, Jack, s’attendaient à être réveillés par quelques salves d’artillerie. Le temps était superbe. Les transparentes brumes de l’horizon se fondaient dès le lever du soleil.