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Page:Verne - Seconde Patrie, 1900.djvu/37

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seconde patrie.

— Oui, Jenny, répondit Fritz, trois coups tirés à intervalles réguliers. »

Fritz parlait d’un ton si affirmatif que l’on ne pouvait croire à une erreur de sa part. D’ailleurs, Jack confirma les paroles de son frère, en ajoutant :

« Il n’est pas douteux qu’un bâtiment se trouve en vue de la Nouvelle-Suisse, et que son intention a été attirée par la décharge de nos deux caronades…

— Un navire… un navire !… murmurait Jenny.

— Et c’était bien dans la direction de l’est ?… reprit en insistant M. Zermatt.

— Oui… dans la direction de l’est, déclara Fritz, et j’en conclus que la baie du Salut ne doit être séparée que d’une ou deux lieues de la haute mer. »

C’était probable ; mais, on ne l’ignore pas, aucune reconnaissance n’avait encore été poussée sur ce littoral.

Après un moment de surprise, on pourrait dire de stupéfaction, il est facile d’imaginer à quels sentiments s’abandonnèrent les hôtes de la Nouvelle-Suisse. Un navire… il y avait assurément un navire en vue, un navire dont les détonations avaient été apportées par la brise jusqu’à l’îlot du Requin !… N’était-ce pas là comme un lien par lequel cette terre ignorée où depuis onze ans vivaient les naufragés du Landlord se rattachait au reste du monde